Cycle de lectures autour de Mohammad Al Attar - Grenier Neuf

Chroniques d'un pays en guerre - une trilogie sur la guerre civile en Syrie

Etape 2 : Tu peux regarder la caméra ?

Damas 2012. Noura entreprend de collecter des interviews rassemblant des témoignages de

manifestants arrêtés par le régime de Bachar El Assad. A défaut de pouvoir s’engager

directement, elle entreprend une démarche documentaire qui doit être sa contribution à la

révolution en cours. Mais que veut dire « documenter » dans une telle situation ? A travers le prisme de la caméra, la frontière entre la réalité et la fiction se brouille. Noura est partagée, oscille entre l’idéalisme, la curiosité, l’empathie, le voyeurisme et une peur grandissante.

 

Mise en espace : Leyla-Claire Rabih

Traduction : Jumana Al‐Yasiri et Leyla‐Claire Rabih.

 

Jeudi 16 octobre à 20h00

Tarif unique : 7,00 €

Réservations : info@grenierneuf.org / 03 80 63 92 18

 

 13 février à 19h : Ode à Médine de Sabine Revillet. Lecture dirigée par Leyla-Claire Rabih, suivie d’une rencontre avec l’auteur. Avec FadwaSouleimane

 

« j’arrose mes plantes ça me fait du bien

ma fille dit que j’arrose trop mes plantes moi

j’aime bien arroser mes plantes

les arroser c’est comme si j’entrais dans leur tête

comme si je leur donnais la tétée … »

 

Magda parle à ses plantes. Chacune de ses plantes la comprend, chacune de ses plantes est unique et singulière. Parler à ses plantes, s’occuper de ses plantes, c’est le seul endroit où son âme peut se réchauffer. Aimer peut-être. A côté, il y a Médine. Médine a peur de l’obscurité. Et le mari de Magda gronde, grogne. Sa voix un gouffre, sa voix émiette la vie dans chaque seconde.

Ce texte s’inspire d’un crime d’honneur. Essaie de fuir l’horreur inacceptable du réel.

 

Née en 1974, Sabine Revillet suit une formation de comédienne à l’Ecole de la Comédie de Saint-Etienne. Elle travaille avec Anatoly Vassiliev, EimuntasNekrosius, Julien Rocha, Vincent Rafis, Cédric Veschambre, Lucie Depauw. Parallèlement, elle se consacre à l’écriture et devient en 2006 lauréate de la Fondation Beaumarchais avec sa première pièce Pardon.Fissure de soeur obtient les Prix Guérande et des Journées de Lyon, et est publié aux Editions Théâtrales. Lauréate du Centre national du Théâtre pour Ode à Médine et boursière du CNL, elle part en résidence à Montréal en partenariat avec le CEAD et le CnT, puis sur le Cargo des Auteurs en 2012.

 

 

FadwaSouleimane est une comédienne syrienne, formée à l’institut supérieur d’art dramatique de Damas. Elle a joué au théâtre comme à la télévision. En 2011, au début de la révolte syrienne, c’est une des rares comédiennes syriennes qui a soutenu les manifestations pacifiques contre le gouvernement d’Assad. Elle vit en France depuis 2012.

 

12 décembre à 19h30 : Carnets d’un vieil amoureux de Marcel Mathiot. Carte blanche à Jacques VILLE. Avec : Jacques VILLE et Stéphane MULLET

 

Depuis l’âge de 16 ans, Marcel Mathiot n’a cessé jour après jour de tenir le journal de sa vie jusqu’à sa mort. Cet homme qui se qualifiait lui-même de modeste « écriteur « n’aurait jamais imaginé que les textes des quatre dernières années de son existence seraient un jour publiés. Ils sont admirables de tonicité. Cet ancien instituteur de plus de 90 ans nous y parle du désir et des plaisirs de l’amour. Il ne cache rien, ni sa maîtresse de 86 ans à laquelle il reproche d’être une « affamée de sexe », ni ses relations amoureuses avec une jeune femme de 36 ans qui susciteront la réprobation de ses proches. Mais Marcel n’offre qu’une seule réponse « Je suis libre et jeune » qui résonne comme un cri à chacune de ses pages.

« J’ai découvert Carnets d’un vieil amoureux un an après sa publication. En fermant ce livre sur le dernier mot inachevé d’un homme dont je ne savais rien à la première page, j’avais le sentiment de quitter un père, un ami, un frère humain. C’est pour rester en sa compagnie et pour le présenter à ceux qui ne le connaissent pas, que j’ai décidé d’adapter ces carnets pour la scène; pour faire entendre le témoignage d’un homme qui a traversé presque tout le 20ème siècle, avec un désir et une espérance qui l’auront maintenu jeune jusqu’à sa mort; et qui met à mal l’image asexuée du 4ème âge qu’on ne voit souvent qu’à travers le renoncement et la pathologie. C’est aussi une manière de saluer tous ces « écriteurs » anonymes qui prennent leur propre vie pour sujet. « Écrire est une façon de répondre à la vie avec la légèreté de l’âme » écrit Christian Bobin. Enfin, je veux croire que le talent de vie d’un vieillard peut nous contaminer, nous qui sommes tous des vieillards en puissance et avons le désir de rester toujours curieux et amoureux, seules façons d’être vivant. »

 

Jacques VILLE

 

12 novembre 2013 à 19h : Feues les mains de Robert Redford de Rebekka KRICHELDORF. Mise en espace de Leyla Rabih. Avec : Flors BABLED, Elisabeth BARBAZIN, Benoît DALLONGEVILLE, Yves PRUNIER

 

 

L’argument pourrait s’apparenter à celui de la pièce d’Edward Albee «Qui a peur de Virginia Woolf ? » : un couple mûr se déchire sous les yeux d’un jeune couple. Alice et Ben, retraités allemands, ont quitté l’Allemagne et se sont installés en Namibie. Dans un safari-camp, ils sont assis devant leur tente, enchaînent les verres d’alcool sans interruption… Un jeune couple fait son apparition : fraîchement amoureux, venu aussi d’Allemagne afin de participer à une campagne d’aide aux malades du SIDA. La confrontation, abondamment arrosée, peut commencer. Comme chez Edward Albee, les vétérans de la guerre d’usure conjugale s’allient et retrouvent une réelle symbiose tandis que le jeune bonheur amoureux se fissure rapidement. Julia et Gero vont rapidement devenir les victimes collatérales de la guérilla entre Alice et Ben.

Rebekka Kricheldorf organise avec cette confrontation un humour corrosif : la rapidité et la cruauté des dialogues, la finesse des attaques et des observations sociologiques en font une véritable comédie, agile et bien composée.

10 octobre 2013 à 19h : Chien, femme, homme de Sybille BERG. Mise en espace de Leyla Rabih. Avec : Thomas COUX, Anne-Gaëlle JOURDAIN, Nicolas MARCHAND

 

 

Un chien décrit l’étrange comportement d’une femme et d’un homme qui se sont littéralement attachés l’un à l’autre, bien que cela soit pour eux à la limite du supportable. L’animal a pour vocation de révéler l’humain. Il donne aussi sa forme épique à la pièce : il est à la fois protagoniste, narrateur, chœur antique.

Le couple est pour Sibylle Berg le lieu où vient se synthétiser l’idéologie de l’époque. Dans une forme comique et parfois même loufoque, elle nous présente une sorte de conte moral, à la fois tendre et féroce.

« Chien, femme, homme » ne vise cependant pas le pur divertissement. Il y a dans la pièce quelque chose d’impitoyable qui débusque les faux-semblants derrière les petits arrangements moraux de notre temps et les mesquineries de la sentimentalité, tous ces simulacres publicitaires qui viennent oblitérer jusqu’à la sphère de l’amour, qu’on aurait préféré garder pure.

Sibylle Berg est de ces auteurs qui connaissent les vertus critiques et libératrices du rire.

L’Arche est agent du texte représenté.